Panbouda voyageait sur son chemin de vie, le sourire béat, la joie guidait ses pas. Dans son sac à dos, il avait de la nourriture, une bouteille d'eau et une couverture en poils de lapin pour dormir le soir au chaud. Dans sa tête, il avait en mémoire mille souvenirs de sa quête. Chaque nouvelle aventure remplissait son coeur de bonheur et sagesse pure.
Il était petit, mais au bout du voyage, il savait qu’il serait un grand sage.
Panbouda profitait du soleil, il marchait avec un vieux sage dans le dédale des ruelles d’une cité ancestrale. Il avaient chaud, ils décidèrent d’aller jusqu’à la grande place pour boire à la fontaine d’eau. Une femme y pleurait sa peine, ses yeux coulaient autant que la fontaine.
Le vieux sage :
- encore un jour où je vais consoler ton chagrin d’amour. Pourquoi souffrir autant, tu m’avais dit que tu quitterais ton homme pourtant.
La femme triste :
- oui, mais je n’y arrive pas, même si je sais qu’il ne me convient pas.
Le vieux sage :
- quand on enfile une mauvaise chaussure et qu’on a mal au pied, ce n’est ni la faute de la chaussure, ni celle du pied. Il faut juste accepter qu’ils ne sont pas faits pour aller ensemble.
La femme triste :
- je ne vois pas d’autre homme venir à moi.
Le vieux sage :
- pour pouvoir mettre une nouvelle chaussure à ton pied, il faut déjà enlever l’autre.
La femme triste :
- je n’arrive pas à le quitter. Je ne veux pas être seule, je préfère encore rester avec lui.
Le vieux sage :
- plus tu gardes des chaussures qui te font souffrir, plus ton pied sera abîmé, et plus ce sera difficile à guérir.
La femme triste :
- si je le quitte, je veux un autre homme tout de suite.
Le vieux sage :
- si des chaussures t’ont abîmé les pieds, quelque soit la paire que tu enfiles après, ce sera douloureux. Ce ne sera pas la faute de tes nouvelles chaussures, mais celle de tes blessures. Il faut accepter de marcher quelques temps sans chaussure pour que ton pied guérisse, et redevienne comme avant.
La femme triste :
- je ne veux pas être seule, je préfère encore rester avec lui.
Le vieux sage :
- plus tu gardes des chaussures qui te font mal, plus ça devient inconfortable et plus tu marches de travers. À force de dévier, tu finis par quitter ton chemin de vie. Or, le bonheur qui est tien n’existe que sur ton chemin.
Le vieux sage sourit avec bienveillance :
- retire tes chaussures douloureuses pour redevenir heureuse. Marche pieds nus le temps de guérir tes pleurs et tes blessures. N'aie pas peur s’il y a un peu de graviers, tu n’en apprécieras que mieux la douceur de tes prochains souliers. Relève la tête, car sur ton chemin t'attendent des chaussures parfaites.
Le vieux sage prit un ton plus grave :
- si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour la femme heureuse que tu pourrais être mais que tu fais disparaître. Regarde ton reflet dans la fontaine, vois-tu ce visage triste ridé par l’eau ? Cette vieille femme désespérée, c’est toi dans quelques années.
Si tu ne changes pas d’avis, je couperai l’eau de la fontaine puisque tu la remplies de tes chagrins d’amour, jusqu’à t’y noyer un jour.
C’est ainsi que Panbouda comprit que pour marcher loin sur le chemin de l’amour, il fallait respecter ses pieds et choisir des chaussures adaptées.
Il remercia le vieux sage pour cette leçon sur l’amour du couple, bien qu’il trouvait ça encore très mystérieux. Il avait pensé que c’était une source de bonheur, pas une fontaine de pleurs.
Et Panbouda reprit son voyage sur son chemin de vie, avec un peu plus de bonheur et de sagesse dans le coeur. Il souriait, il était petit, mais il savait qu’au bout du voyage, il serait un grand sage.
©Pit Nokoma
Conte intégral extrait du livre "Les contes d'éveil de Panbouda".
Reproduction intégrale interdite, tout extrait doit citer un lien www.pitnokoma.com
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